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Les femmes qui désirent vivre une existence à la fois plus harmonieuse et plus proche de leur nature féminine y parviennent rarement sans bouleversement. Leurs évolutions sont généralement teintées de puissantes remises en question et il faut parfois qu'elles soient sérieusement motivées pour qu'elles se transforment. C'est souvent à l'âge de la quarantaine que sont secoués leurs habitudes et leurs acquis. Les femmes des cercles n'échappent pas aux vents forts qui suivent ces secousses. Elles évoquent ce grand vide qui s'installe en elles, ce questionnement aux couleurs d'un l'inconfortable " qui-suis-je " ? Tout ce qui avant les comblait semble désormais leur apporter de l'ennui. Cette gêne s'accompagne d'une grande frustration. Bon nombre d'entre elles se perçoivent comme performantes et accomplies sans pour autant se satisfaire de leur réalisation personnelle. Elles s'interrogent sur le vrai sens de leur existence et se mettent à détester leurs comportements trop virils et cherchent à se vêtir d'une nouvelle féminité.

Un fort sentiment de perte provoque la mise en route de ces femmes de quarante ans. Elles paraissent avoir perdu quelque chose dans leur cœur et leur souffle semble s'être épuisé. D'ailleurs leurs os, leurs chairs et leurs tripes de femme apparaissent comme paralysés. Elles se disent sans saveur, pâles et éteintes et ressentent combien leur âme les appelle vers une nouvelle vie. Ces femmes là éprouvent généralement l'envie de tout arrêter pour se retrouver. Quelquefois, elles cessent leur travail ou sont licenciées, se détournent de leur vie d'avant ou bien se retirent dans la solitude. Elles se détournent volontairement de ce que la société ou leur famille ont voulu d'elles parce qu'elles se sentent fortement éloignées de leur nature essentielle.

Quelque chose de plus profond les appelle sans qu'elles puissent vraiment en comprendre le sens. Ce quelque chose de plus authentique ne ressemble en rien à ce qu'elles connaissent déjà. C'est un rapprochement plus intime qui les convie à toucher à leur féminin. Cela commence comme une musique invisible qui les cherche puis persiste à travers une danse à la fois sauvage et sensible. Cette nouvelle féminité est à l'opposé de ce qui existe en majeure partie sur notre planète et met généralement en péril la performance, la conquête et l'individualisme. Elle se présente sous la forme d'une crise existentielle indispensable pour que les femmes puissent refondre leur personnalité.

Cette invite du féminin n'apporte ni hommage ni admiration mais n'en est pas moins essentielle pour conduire les femmes qui se réinventent à leur propre naissance. Lorsqu'elles se recentrent sur leur voyage intérieur, leur courage a peu de chance d'être reconnu et elles ne reçoivent ni compliment ni flatterie de la part du monde extérieur. Peu de femmes déchiffrent ce qui se joue dans cette crise et cette sollicitation intime. Derrière leur abattement et leur mélancolie se cachent déjà une grande force et de grandes œuvres mais elles ne le comprennent que plus tard. Le mystère de cette féminité plus profonde fera d'elles des femmes réinventées, plus présentes par leur puissance intérieure que par leurs actes.

Il est donc fréquent dans notre vie féminine que certaines coïncidences se multiplient pour nous bousculer de l'intérieur. Des ressources infinies s'ouvrent à nous pendant que notre rêve, jusque là inconnu de nous-même, cherche à nous trouver. Des circonstances extrêmes, des retournements invisibles ainsi que des turbulences utiles paraissent nous mener alors vers notre vrai destin. Certaines de ces périodes déroutantes ressemblent à ces temps de famine ou de sécheresse pendant lesquels la féminité obscure devient notre seule compagne. D'autres semblent s'activer à grands coups de rencontres, de coups de foudre ou d'évènements lumineux qui viennent à nous semblables à de véritables dons du ciel.

Il faut du courage aux femmes chercheuses pour traverser le tumulte de leur propre enfantement. Naître à leur vraie nature féminine nécessite d'aller chercher au fond d'elles le potentiel qui cherche à s'exprimer et de faire le sacrifice des repères extérieurs. Elles marchent dans l'inconnu avec comme seul jalon leur instinct féminin. Les femmes des cercles de 40 ans et plus, paraissent plus aptes à traverser cet univers chaotique. Elles se sont familiarisées avec leur féminité sauvage, l'aiment passionnément et se laissent guider par elle. Elles en puisent une grande résistance et une persévérance hors du commun. Dans les groupes, ce sont parfois les danses tribales qui les révèlent à cette nature tenace. Et si les musiques douces sont quelquefois plus faciles à approcher, une bonne dose de percussions et de flamenco embrasse les plus endormies.

Quand celles qui ont longtemps été des eaux dormantes procèdent à ce réveil intérieur, de chaleureuses vagues se réaniment, les laissant toutes ébouriffées par leur ardeur d'exister. Elles aiment alors à reconnaître l'utilité de s'égarer, de faire des choix incongrus ou de s'ennuyer à mourir, simplement pour pouvoir un jour ressentir l'embrasement de cette vie nouvelle. Retrouver cette voix intérieure qui chuchote ou crie cet appétit de l'âme constitue une sorte de ré-accordage avec elles-mêmes.



Se pencher vers sa nature féminine

Pour faire de sa puissance une lumière, il est nécessaire que la femme plonge dans la vase de son étang afin d'y extraire les boues vieillies de son propre jardin, là où les épines sont encore virulentes, là où les pétales froissés par les bourrasques de la vie tardent à terminer leur alchimie, là où l'humus patiente pour enraciner la femme dans l'antre de son esprit féminin. Quand il s'agit d'un enfant à naître qui se prépare dans cette matrice, fort heureusement, il y aura un jour inévitable où l'enfant devra sortir. Dans ce même ventre féminin, la créativité elle, a une fâcheuse tendance à rester contenue, enfouie et secrète. A la moindre étincelle provoquée par les tumultes de la vie quotidienne, il y a risque d'échauffement, la vapeur déferle et brûle quiconque s'approche trop près de la caverne féminine !

C'est pourquoi les femmes qui se rencontrent, se plaisent à installer une tranquillité propice à leur maturation créatrice. Faire corps avec ce pouvoir féminin, tout aussi indompté que paisible, leur demande au fil des séances de se structurer, de faire silence, de se centrer, de se redécouvrir dans " l'être " plutôt que dans " le faire." Quand cette sororité s'installe, une quête d'absolu semble porter les femmes vers un sentiment d'unité et vers une intuition accrue. Cet instant sacré les invite à se familiariser avec une solitude féconde afin d'y apprivoiser toutes les ressources de leur monde intérieur.

L'esprit féminin donne à la femme comme talent inné, sa réceptivité. A l'opposé, la personnalité représente son côté actif. De nature plus masculine, elle est sa polarité manquante. L'esprit féminin inspire la personnalité comme une Gardienne du Sens, comme Celle qui Sait ; elle seule connaît la feuille de route de son aventure féminine. Il est donc juste pour une femme, qu'elle se laisse guider par son féminin car c'est lui qui donne le sens et montre le chemin avant même de s'élancer vers l'extérieur.

L'énergie féminine est à l'intérieur, cachée, secrète ; elle perçoit tout ce qu'il y a de subtil et d'essentiel dans ce qui doit être entrepris. Elle est le garde-fou du travail juste à accomplir. Elle est le non-manifesté ou le " pas encore manifesté. " La personnalité, elle, agit en fonction de ce que le féminin a senti et flairé ; elle se place devant, face au monde, face au réel. C'est elle qui pose les actes, réalise l'œuvre jusqu'à ce que la tâche soit accomplie. Elle est le manifesté, le grand jour, la mise en forme concrète des choses.

   * C'est la Femme Sauvage qui sait.
   * C'est la Femme Active qui pose les actes.
   * C'est l'âme c'est-à-dire le féminin réceptif, qui sent.
   * C'est la personnalité c'est-à-dire le masculin actif, qui agit.
   * C'est la Femme Lunaire qui puise l'inspiration.
   * C'est la Femme Solaire qui offre ses talents au monde.

Chez les femmes battantes, le retour à la nature féminine est souvent assimilé à un non faire, à un recul en arrière. C'est pourtant l'expérience de l'intériorité qui les ramène au présent. Faire ce geste vers soi leur permet de se tourner vers leur lumière intérieure. Cette clarté les met en lien avec leur force. Cette notion de force est souvent associée à la puissance physique ; par exemple on dit de l'homme qu'il a de la force ; on le dit rarement des femmes ! La puissance féminine réside dans sa force intérieure mais n'est pas visible extérieurement et c'est pour cette raison l'on en parle moins. L'homme qui se met en colère apparaît comme viril alors que les pleurs de la femme sont mieux acceptés que sa colère. Dire de la force qu'elle est égale à la colère et que larmes sont un signe de faiblesse, il n'y a qu'un pas ! De ce fait la société apprend aux garçons à manifester leurs emportements alors que les pleurnichements font partie de l'éducation des filles ! D'ailleurs, une fille qui montre sa colère n'est-elle pas une vilaine fille ? Derrière le courroux des hommes et la tristesse des femmes se cachent des émotions refoulées. Nous avons appris à nous tromper d'émotions et à sous-estimer nos lieux de puissance.

Les années féministes ont-elles trop mal jugé la femme tranquille ? La femme calme et sereine serait-elle aujourd'hui mal vue dans une société où seul l'action semble être valorisante ? Nous avons gagné en progrès de toutes sortes et certaines femmes semblent avoir acquis une meilleure place. Les mouvements féministes ont appuyé leurs revendications sur des croyances d'égalité mais les femmes semblent continuellement se plier à des attitudes contraires à leur vraie nature. Le plus souvent elles le font pour faire comme, pour paraître plus fortes ou être reconnues. Cela se mesure en un nombre croissant de femmes essoufflées.

Il existe une tendance actuelle qui consiste à confondre la féminité extérieure, faite de beaux vêtements et d'une taille mannequin, avec la vraie féminitude sentie au cœur même de l'intériorité. Cette féminitude s'incarne dans la beauté d'un sourire, le chant d'un conseil, la lumière d'une parole éclairante et vibrante. Notre pouvoir féminin ne consiste pas à exposer notre féminité à travers de multiples apparats et autres maquillages de séduction. Il demande à se tourner vers nos différentes femmes intérieures, afin que les plus éclairées inspirent nos actes et réveillent La Féminine, celle qui se place à l'écoute de l'amour et de la vie. Certaines d'entre nous semblent très féminines dans leurs façons de se présenter au monde, mais sont souvent très loin de leur féminitude. La féminitude est quelquefois bien différente de la féminité. Elle renvoie au fait de se sentir femme, d'être totalement en lien avec son esprit féminin et surtout d'avoir accompli ce geste d'amour envers son être intérieur. Lorsque l'âme féminine a été contactée au cœur d'une solitude féconde, il s'ensuit comme une nouvelle fertilité de l'être et un réveil de l'intelligence créatrice. Les deux aspects de l'être se relient : le monde intérieur et les forces d'expression, le monde de l'esprit et le monde des formes.

Pour développer leur individualité et déployer leurs richesses, bien des femmes aiment à préserver ce sentiment de rester avant tout des femmes. Nombreuses sont celles qui, dans cette quête continuent à chercher à l'extérieur des femmes exemplaires pouvant leur servir d'appui. Mais aucun archétype ne se présente à elles et les anciennes références de mère-épouse tout comme celle de la nouvelle femme-active fatiguée ou stressée semblent les éloigner d'une féminitude accomplie. Un vrai mouvement les appelle à se tourner vers leur propre intériorité. Le travail des cercles vise à mettre à jour cette descente progressive. Il aboutit maintes fois à l'émergence d'un nouvel annuaire des femmes intérieures, des plus accessibles aux plus cachées, des plus tourmentées au plus sereines.

Toute femme qui cherche à enfanter de son féminin ne saurait remettre à plus tard la joie d'accomplir la tâche que lui inspire sa nature féminine. Elle accomplit ce geste afin d'aller vers son unité. Cette rencontre avec le soi l'amène plus loin vers l'inconnu, là où se cache quelque chose de plus passionnant et de plus vivant. Elle a recours à sa force d'âme pour l'accompagner dans sa traversée et sa créativité en ressort plus forte contre l'adversité.

Vers l'alliance de nos intelligences créatrices

Tout nous laisse à penser que l'humanité aspire à de meilleures cohésions. Nous sommes au début d'un nouvel âge où nous aimerions oeuvrer ensemble, en nous donnant la main, en agissant au-delà de notre ego et de notre toute puissance. Nos sacro-saints désirs personnels ont certes supplanté habilement les besoins du groupe, fragilisant ainsi l'équilibre communautaire, mais réjouissons-nous, nous les femmes françaises ainsi que quelques sœurs voisines d'avoir la chance de faire partie de nations qui ont déjà conquis leur indépendance. La liberté que cela nous donne contribue à nous inclure à part entière dans ce grand mouvement humaniste qui annonce ce nouvel âge. Partout dans le monde, de nouvelles ardeurs insufflent ce grand élan du cœur. Et même si ces ferveurs ne se rassemblent pas sous la forme d'une armée, tout nous laisse à croire que cette convergence est intérieure, unanime, solide parce qu'éclairée aux feux de la conscience. Un appel au changement communément s'exclame et se passionne pour quelque chose de plus ample et de plus vivant. De grandes causes se déploient déjà, chacune tissant à leur manière une lucidité nouvelle. Toutes lancent des alertes pour réveiller les lucidités, toutes s'animent pour interroger le monde sur son épouvantable individualisme et son inconscience effarante. Pendant que les uns se parent encore d'armes tranchantes, les autres s'ornent d'un bijou doré à l'or fin de la conscience. Mais tous deux labourent la grande pépinière du monde.

La femme est soutenue par l'homme lorsqu'elle veut épouser ses forces agissantes, parce qu'il lui montre le chemin actif qu'il a tracé depuis des millénaires. A son tour, l'homme cherche son féminin et la femme lui ouvre la voie. Elle l'initie parce qu'elle lui permet de toucher à la magnificence de son âme. Habiter leur pouvoir d'affirmation tout en incarnant la douceur de leurs sentiments permet ainsi aux hommes et aux femmes de triompher ensemble de leurs tendances égotiques et matérialistes.

Pour créer une société de qualité, d'incontournables mutations nous invitent à changer de niveau. Nos incompréhensions ont généré de l'inconfort, nos batailles ont choqué nos confiances, nos séparations ont muré nos élans vers les personnes de l'autre sexe ; dans ce désert, le féminin et le masculin se cherchent, telles deux moitiés qui voudraient se ré harmoniser pour vivre ensemble différemment. Après s'être livré une guerre sans merci les hommes et les femmes cherchent à opérer de nouvelles réconciliations. Dans les cercles mixtes, plus que jamais, on dialogue sur l'amour, cette valeur ultime que l'on semble avoir perdue et que l'on se dit prêt à retrouver à tout prix. Au milieu des différences, quelque chose chuchote dans les cœurs fragilisés mais pulsés par de nouvelles espérances. Ce principe d'amour dont nous parlons tant se manifeste déjà chez les hommes et des femmes ordinaires qui passent souvent inaperçus mais qui ont un cœur généreux et une conscience avertie.

Les méprises humaines et l'individualisme rejoignent déjà les vagues ferventes de nos élans solidaires. L'humanité prospecte vers son ultime réconciliation et bat d'un nouveau cœur. Plus que jamais, les femmes d'aujourd'hui ont besoin de se sentir alliées à cette fraîche palpitation. Les femmes de lumière s'habillent de courage pour accoucher de leurs idées. Elles affectionnent le travail en réseau, s'appliquent à avancer côte à côte avec les hommes éclairés qui comme elles, cherchent à œuvrer pour un monde meilleur. Elles intègrent comme lieu de force leur capacité à initier, générer, engendrer et enfanter de nouvelles créations.

Des hommes cherchent déjà à rencontrer ces sensibilités créatrices féminines. Des partenariats s'esquissent dans les relations hommes-femmes comme pour faire naître une nouvelle fécondité, avec comme nécessité le fait de sortir du pouvoir sur l'autre, de la division, de la soif d'individualisme, des vœux exclusifs de richesse matérielle. Ces réconciliations risquent bien de donner jour à une alliance des meilleurs cru ! Des hommes nouveaux émergent en quête d'une identité qu'ils désirent avant tout repenser autrement qu'en étant des hommes impérieux sans pour autant rester dans l'ombre des femmes. Nombreux sont ceux qui se risquent aujourd'hui à vouloir apprendre de l'esprit féminin et recherchent le contact vivant de la femme solaire. Ils sollicitent la présence d'une femme à leurs côtés tout en comprenant qu'elle désire vivre plus intensément et plus librement. Quelquefois, ils écoutent cette puissance féminine comme une véritable source d'inspiration de l'acte juste et cela semble ré initier leur propre quête. L'enjeu pour eux consiste à ne pas se cacher derrière la puissance de la femme mais d'être à ses côtés, bien dans sa chair et dans ses tripes d'homme. Prendre soin de leur masculinité leur permet de garder leur sexe d'homme bien vivant.

Si la femme embrasse la voie du changement, il en est de même pour cet homme nouveau qui ose son féminin et aime le féminin. Des femmes et des hommes réinventés deviennent actifs dans leur quête personnelle tout en étant ouverts l'un à l'autre. Dans cette œuvre commune, beaucoup s'engagent avec ferveur et sincérité pour tisser un nouvel avenir plus constructif.

Parallèlement, la société ne semble guère se soucier du sens, elle se préoccupe avant tous des résultats, plus de ci, plus de çà, plus de croissance, plus de consommation… D'un autre côté, elle s'interroge, se questionne sur son avenir, lance des appels d'urgence, nous rappelle à nos devoirs de citoyens du monde. Nous faudrait-il des guerres ou des tsunamis pour retrouver le sens de notre existence ? Les catastrophes ont-elles comme dessein de nous faire progresser vers la solidarité et les instigateurs de guerres ne viennent-ils pas chatouiller nos désirs de paix ? Il est fort possible que l'urgence d'une œuvre collective pousse les hommes et les femmes à s'allier, au-delà des divorces et des ruptures, des luttes et des incompréhensions. Nos intrépides orientations vers la richesse et l'avoir apparaissent vite fragiles aux yeux de notre ardeur de vivre et de notre envie d'aimer. Les coopérations mises en oeuvre lorsque de grandes catastrophes secouent des peuples entiers interpellent notre capacité à nous tourner les uns vers les autres. Peut-être viendra-t-il un temps où nous n'aurons pas besoin qu'un cataclysme nous révèle le sens profond de notre humanité. S'allier pour être uni et en paix, n'est ce pas un beau cadeau pour notre monde contemporain?

" Il semble d'ailleurs qu'au milieu des secousses meurtrières, toutes nées de l'avidité conquérante, qui déchirent le monde contemporain, une conscience universelle soit en train d'émerger quant à la nécessité absolue de s'ouvrir à des formes novatrices de raisonnement, libérées par un réveil du féminin et par son " entrée en responsabilité " aux côtés du masculin. " Les Dieux menteurs Françoise Gange

Puisse ce chapitre se terminer par un hymne à l'amour et le doux refrain du chant de nos cœurs. La femme porte cet amour en elle et celui-ci cherche à être révélé. Il prospecte sans relâche, cherche la femme qui se réinvente pour l'aider à accomplir son dessein. Hommage aux femmes et aux hommes qui ont compris cet appel du féminin en eux-mêmes. Hommages à ceux et celles qui s'appuient sur cette féminité de l'être pour garder un masculin volontaire et mettre en acte ce qu'ils rêvent en secret de réaliser un jour. Ce jour est aujourd'hui, à la fois présent à investir, futur à préparer et réalité à construire. Si le temps des " soumises " et des " sur-femmes " paraît révolu, c'est qu'un autre style féminin semble prêt à sortir de l'ombre, favorisant l'émergence de qualités spécifiquement messagères, créatrices, guérisseuses, unificatrices et sacrées. L'expérience féminine s'ouvre à de nouveaux horizons dans lesquels la femme est invitée à jouer pleinement son rôle d'initiatrice, de révélatrice et d'éveilleuse. Renoncer plus longtemps à sa mission risquerait de la couper à jamais de sa féminitude.

Un nouveau défi s'ouvre à nous. C'est une mission historique sans précédent qui interpelle chacune d'entre nous, là où nous en sommes, notamment lorsque nous jugeons notre créativité de trop étriquée, notre implication de trop timide, là où la planète déchirée pleure notre manque de présence. Une créativité plus ample nous attend, dans nos ventres, dans nos cœurs, dans notre esprit féminin et dans nos qualités masculines plus agissantes. Cet accouchement grandiose risque bien de nous couronner de jouissance ! Et le monde n'est-il pas orphelin de la joie des femmes et des hommes ?

Monique Grande: Femmes qui se réinventent Editions du Souffle d'Or